Jean Mambrino

Jean  Mambrino est né à Londres d’un père italien,  dont les racines plongent dans les eaux de la plaine du Pô(Milan) et de l’Arno(Florence),  et d’une mère champenoise, née Léone Courtaillez. Au moment de sa naissance (15 mai 1923), son père est directeur de l’hôtel  Claridge’s à Londres depuis 1919. Jean Mambrino reste en Angleterre jusqu’à l’âge de sept ans, ce qui permettra ultérieurement son excellente maîtrise de l’anglais.
Il poursuit ses études à Paris au lycée Janson de Sailly, puis à l’école Fénelon,  avant d’intégrer le collège jésuite Saint Joseph de Reims. Il obtient ensuite une licence en lettres. Pendant la guerre, il fait son STO comme bûcheron en Allemagne.

Jean Mambrino est Membre de la compagnie de Jésus depuis 1941, à 18 ans,  et sera ordonné prêtre le 25 juillet 1954. Il est profondément influencé par la mystique de Teilhard de Chardin. Il enseignera les lettres françaises et l’anglais au collège Saint Clément de Metz de 1954 à 1968, déployant une généreuse activité au profit de ses élèves, notamment en créant un atelier de théâtre et un ciné-club. Rapidement,  ces deux initiatives se transformeront en  véritables institutions messines pour la jeunesse   et modèles de références pour les collèges jésuites. Il sera récompensé par de nombreuses vocations éveillées  dans ces domaines, dont la plus connue est celle de Bernard Marie Koltès, auteur de théâtre de renommée internationale.

A partir de 1968, il est responsable de la chronique littéraire et dramatique de la Revue Etudes, assurant en même temps  un apostolat  actif auprès des acteurs, artistes et hommes de lettres, depuis son bureau du  15, rue Monsieur. Dès lors, la publication de son œuvre poétique jalonne les évolutions de sa vie spirituelle.  Chacun de ces écrits correspond à une expérience personnelle, une « Erlebnis » authentique que le lecteur est invité à partager.  Son inspiration repose sur le croisement intime de la poésie et de la prière. Il en résulte un langage libre de contraintes formelles, suscitant émotion et ferveur du lecteur, étonné de trouver ce chemin de foi  secret à travers les ténèbres de la nuit.
Son premier recueil de poèmes, « Le veilleur aveugle » avait été publié par le Mercure de France en 1965, suivi par « La poésie mystique française » chez Seghers en 1973. D’ouvrage en ouvrage, on découvre un écrivain à la recherche de la beauté du monde, proche à la fois des romantiques allemands, de Supervielle, de T.S. Eliot...Les principales étapes de cette écriture aux confins de la poésie et de la spiritualité se nomment :  « L’oiseau-cœur », 1979, « Le chant profond », 1985, « La ligne du Feu », 1986, « La saison du monde », 1986, « Le palimpseste ou les dialogues du désir », 1991, « Lire comme on se souvient », 2000, « La patrie de l’âme », 2004, « Comme un souffle de rosée bruissant », 2006, « Les ténèbres de l’espérance », 2007.  Ses traductions de J.M. Hopkins paraissent sous le titre : « Grandeur de Dieu » en 1980. Lui-même a été traduit en anglais par la poétesse Kathleen Raine, fondatrice de la célèbre Académie « Temenos ».

Cette énumération est loin d’être exhaustive, Jean Mambrino étant publié à la fois, chez Arfuyen, Corti, Desclée de Brouwer, Granit, Phébus. C’est aussi un critique de théatre et de cinéma reconnu par la profession. Son œuvre fait l’objet de nombreux hommages de la part de collègues écrivains : René Char, Joseph Delteil, Gabriel Germain, Léopold Sedar Senghor, Georges Simenon ou encore Jules Supervielle. Les prix du meilleur livre étranger et Apollinaire couronnent cette riche production littéraire, déconnectée des péripéties de son siècle, mais toujours proche des  âmes et des coeurs.

Jean Mambrino était chevalier de l’ordre National du Mérite et Officier des Arts et des Lettres.

Jean Mambrino est mort à Lille le 27 septembre 2012.

                                                                                                                                             Gérard Valin