"La Lettre de Charlotte"
Bonjour,
J'ai achevé il y a peu la lecture de votre livre, "La Lettre de Charlotte", que mon grand-père vous avait acheté. J'ai beaucoup apprécié cet ouvrage pour diverses raisons. Un rythme est efficacement entretenu tout le long de l'histoire, ce qui fait que j'ai très vite accroché.
Comme le dit la couverture, il s'agit d'une "histoire sans manichéisme". Chaque camp possède ses "bons" et ses "méchants". Certains allemands et résistants apparaissent comme sympathiques, comme Willi Dietrich et Robert, tandis que d'autres, tels que Anchen et René, font preuve d'une grande cruauté. J'ai beaucoup apprécié cet aspect, car il présente beaucoup de personnages comme des hommes simples emportés dans le sinistre tourbillon de la guerre.
Mais surtout, ce sont des sentiments profondément humains, tels que l’amour, le regret ou même la haine, qui donnent à l’histoire tout son charme.
En résumé, je ne regrette pas d’avoir lu votre livre, Monsieurs Faindt, car il s’agit d’une belle expérience.
Je vous présente mes respectueuses salutations.
J'ai lu « La lettre de Charlotte » Je ne vais pas dire bêtement : « j'ai aimé ou j'ai adoré ton livre »
Comme je te l'ai dit au Fleckenstein, j'ai commencé à lire des romans très tard, à l'âge de trente ans. Je détestais la littérature et n'y voyais aucun plaisir à en tirer.
D'ailleurs, entre le français et moi, ce n'était pas le grand amour! Au collège, j'étais une vraie bille et au lycée, les textes du 18ème m'ennuyaient à mourir!
Et " l'Alchimiste de Paolo Coelho " est passé par là. Depuis j'ai lu beaucoup. Du bon et du moins bon. Depuis ce livre, j'espère tomber sur le livre qui me marquera. Cela m'est arrivé, rarement, mais j’ai lu " Le parfum " de Patrick Süskind, " Niklaus Findel " de Charly Damm.
Roger, ton livre est exceptionnel ! Après " Le parfum ", après "Niklaus Findel ", j'attendais le prochain et ça a été " La lettre de Charlotte ". Ce roman vient comme un fruit mûr tant espéré
et qui tarde à tomber. Un jour, on ne sait pas pourquoi, le fruit tombe de l'arbre et on le croque avec autant de plaisir que l'attente fût longue.
Lorsque j'appris la mort de Marie et de Charlotte, j'ai failli retourner lire la première page. Je ne l'ai pas fait, préférant garder en tête les images de Hans.
Le passage de Hans et Robert au cimetière m'a bouleversé. J'aurai aimé être là et le réconforter (Cela, lisant un livre, ne m’était jamais arrivé).
Ta description sur la campagne russe est terrible…
Bravo pour ton travail. David D. (Sélestat)
Lundi 4 avril 2016 par Nathalie Urschel depuis Tokyo
http://litteranath.blogspot.jp/
J'ai lu pour vous La Lettre de Charlotte de Roger Faindt
Un livre de plus sur la 2ème guerre mondiale ?
C'est vrai que la guerre et son univers ont maintes fois, déjà, fait œuvre littéraire.
Non, La Lettre de Charlotte, c'est un livre différent... sans doute parce qu'on y retrouve la force d'écriture de Roger Faindt que j'ai déjà vantée sur ce blog.
L'Allemand faisait tourner sa chaîne à toute volée et Jean criait comme une bête qu'on saigne. Les anneaux métalliques labouraient sa peau comme une charrue, arrachant ses oreilles, son nez et ses paupières. La chaîne s'enroula autour de son cou et le fit tomber. Jean poussa un long gémissement et se recroquevilla. Du sang encombrait sa bouche et suintait sur ses lèvres ouvertes. Il ne pouvait plus parler. L'Allemand se pencha sur lui et tira sur la chaîne pour le faire se relever.
"Allez, salaud, lève-toi !"
La chair de son cou céda avant qu'il ne trouve la force d'obéir. (...) Jean n'avait plus de corps ni d'esprit. Il se posa les mains sur le visage et cela atténua la douleur qui y avait mis le feu. Une douce chaleur glissait de son cou à sa poitrine. Sa chemise collait à sa peau et se colorait de rouge.
Jean a été jeté dans sa prison comme un déchet. Il s'est retenu de ses deux mains pour ne pas s'écraser contre le mur avant de se laisser glisser sur le sol. Les cliquetis des clés du gardien et le bruit de ses bottes entrecoupent les paroles de l'Allemand qui résonnent encore dans sa tête. Jean s'est allongé sur le côté, ses membres rassemblés au creux de son corps. Il a froid et n'a rien pour se couvrir. Il est trempé de sang. sa vie coule en sillons tièdes autour de son sourcil, sur sa joue et ses lèvres. Il en a le goût dans sa bouche. Il a mal.
Même si l'occupation, les collabos et les résistants ont un air triste de déjà vu, la lecture de ce roman vous transporte dans un univers très personnel, où la rage de l'horreur côtoie la force des sentiments.
Ce n'est pas simplement une histoire dans l'Histoire ; c'est plutôt notre histoire, votre histoire d'homme et de femme qui se reflète dans ce récit, à l'occasion des choix cornéliens qu'il évoque.
Ces dilemmes psychologiques et sentimentaux ouvre chez le lecteur des pages de doutes personnels. On ne peut s'empêcher de s'identifier aux personnages, à leur engagement, à leurs choix, à leurs erreurs, à leur détresse.
Lucien s'approcha et posa sa main sur l'épaule de Madeleine. Elle leva les yeux, le regard sans étonnement, vide. Elle tremblait, ses sanglots faisaient un bruit insolite. Ses yeux se troublèrent, son visage bouleversé se creusa et des rides sauvages l'enlaidirent. Ses lèvres ondulèrent de paroles que croquait le silence. Elle avait tant à dire que tout s'embrouillait dans sa bouche. Des traces de salives se mélangèrent à ses larmes au bas de ses joues. Elle laissa s'échapper des mots malsains qui écorchaient. Ils crépitèrent entre ses dents et Lucien les aspira sans le vouloir.
Même si la vie n'était faite que de souvenirs, Hans voulait en être submergé.
le présent était si moche ! Le présent invitait la mort à sa table et elle se gavait à en perdre la raison.
Hans et William ne bougeaient pas, ne disaient rien. Ils regardaient Jochen vivre son chagrin, son désespoir ; cela soulageait leur propre souffrance. Ils restèrent ainsi un moment à s'écouter respirer, à écouter les tirs des armes automatiques déchirer leur silence. Les Russes résistaient et avaient décidé de vendre chèrement leur peau. Ils y étaient parvenus. Hans revit le faciès de l'Ivan qui avait tué Helmut. Il n'arrivait plus à chasser cette image de sa tête. Il s'interrogeait et ses questions labouraient sa poitrine comme des dagues acérées. Quelle folie avait poussé cet homme qui appartenait déjà à la mort à tuer pour tuer ? L'obéissance ? L'esprit de sacrifice ? (...) Etait-il possible de se sacrifier pour soi-même ?
Cette lecture vous emportera vers des images fortes et cruelles jusqu'à ce que le rythme s'accélère comme celui d'un roman policier.
La Lettre de Charlotte, c'est la barbarie aveugle de la guerre, la cruauté des préjugés, le cri du cœur... C'est un roman que je vous recommande, sans hésiter !