L'écriture, une nécessité
Avant de devenir un ARTISAN des MOTS
Conseiller retraite à la caisse de Franche-Comté, Roger Faindt, 45 ans, débute une carrière d'écrivain. Son troisième roman, La Lettre de Charlotte, a reçu le prix Louis Pergaud.
Travailler et travailler toujours avec constance, rigueur et exigence. Il n'y a pas beaucoup d'autres secrets dans l'écriture.
Travailler - si Roger Faindt en parle autant, c'est aussi pour éviter de dire qu'il a du talent. Car la modestie est l'autre qualité de ce travailleur acharné qui, même s'il en a ressenti beaucoup d'émotion, ne s'est pas laissé griser par le Prix Pergaud attribué à son troisième roman en novembre 2001.
Toutes les nuits, Roger Faindt se lève de très bonne heure, s'assoit derrière son bureau, et se met au travail. Il écrit à la main, sur de gros cahiers. Après avoir rédigé une dizaine de pages, il les recopie sur ordinateur. Une fois le texte achevé, il imprime l'ensemble. Il corrige, réimprime, relit. Quatre, cinq, six fois. " J'aime garder mes épreuves corrigées, avec les ratures et les suggestions. Parfois, l'on s'aperçoit que la première version est la meilleure. Alors qu'avec l'ordinateur, les différentes phases du travail se perdent ".
Roger Faindt n'a pas vraiment analysé ce que lui apporte l'écriture. Écrire lui semble être la seule chose qui ne soit pas impudique, la seule manière de conjurer ce regard en reflet derrière nous qui, quoi qu'on fasse, triomphera. " Écrire, c'est donner vie et faire revivre des personnages attachants. Je suis triste et mélancolique quand je dois les quitter. D'ailleurs, je n'aime pas tellement finir un livre ", avoue Roger Faindt.
Ses personnages, il les nourrit aussi grâce à son expérience professionnelle aux AVA. " Je suis en contact permanent avec les artisans qui représentent un riche panel de cultures, de modes de vie. Ils m'ont beaucoup apporté. "
Son premier livre, Le souffle du passé, voit le jour en 1997. Un roman de science-fiction remarqué par la presse régionale. Une histoire d’amour entre un homme et une femme sélectionnée génétiquement. En toile de fond, un univers pensé, organisé, réglementé, pour le bien-être de ses citoyens. Son deuxième livre, Quand les ombres s'allongent, est un roman régionaliste. Un hommage à ces paysans qui savaient que la terre ne mentait pas. Un livre plein de dictons franc-comtois, de non-dit, de secrets et de regards en coin. Quant à La Lettre de Charlotte, une chronique villageoise en Franche-Comté sous l'occupation, elle raconte la vie de deux sœurs, Marie et Charlotte, dont la mère travaille pour les allemands afin de survivre. Marie fréquente un résistant et Charlotte est amoureuse d'un soldat allemand. " Les femmes et hommes de ce roman m'habitaient depuis que j'avais retrouvé leurs traces. Il m'était impossible de les laisser là où je les avais trouvés. Charlotte m'avait investi. Je pleurais en la lisant et pourtant, ses mots désespérés éloignaient le malheur. "
Le prochain roman ? Il est presque terminé. Un livre qui nous parle de l'histoire de ces femmes, prénommées les Ilithyes, celles qui délivrent, qui réapprennent aux hommes comment aimer. Une aventure pour découvrir en soi le don d'aimer, une quête de l'aître.