Liturgie 8, Calendriers, Trente trois jours.
 
L’humain aime à se renouveler. Aime recommencer. A-t-il donc peur du passé ? Veut-il l’oublier ? Refuse-t-il les conséquences de ses actes qu’il désire des pages blanches devant lui ?
L’enfant naît dans un rythme, les mois et leurs lunes, les années. Parlons-en des années… et cosmiques, valables pour tout enfant, et culturelles selon les stades géographiques, politiques et sociaux de ses parents, ou de sa venue au monde. Le chrétien catholique respire sur plusieurs rythmes. En France, il a d’abord le calendrier civil où l’année commence le Premier janvier, puis le calendrier scolaire qui a produit de nombreux agendas nommés « universitaires ». Le monde du travail parlera souvent de rentrée au moment de la rentrée scolaire de septembre. Et chaque personne commencera une année le jour de son anniversaire de naissance. En outre, chaque religion se réfère à son calendrier de fêtes. Le catholique dépend du calendrier liturgique qui commence quatre semaines avant Noël par le temps de l’Avent ; il y verra des couleurs selon les temps liturgiques.
Pays laïc en relation avec le monde, en France, des dates ont été prises pour des commémorations, pour des motifs importants, ou pour des journées contre telle maladie ou tel fléau si bien que diverses associations ou groupement présentent des calendriers dont chaque jour correspond à une grande cause ; et la mobilisation reste importante au jour le jour. Les agendas quo vadis ajoutent aux fêtes classiques les fêtes nationales des pays de la zone européenne. Le calendrier PTT de l’époque, époque pratiquement révolue puisque les facteurs de La Poste n’y tiennent plus, montrait les saints qui mobilisaient des prières, des actes de générosité ainsi que l’approfondissement de la foi. Puis, le calendrier de La Poste s’adapta aux adaptations décidées par l’Église catholique.
 
Deux dates ont ainsi évolué, à quelques années près. Ces deux dates apportaient une note par trop ancienne, par trop vétérane ; au gré de certaines personnes et avec l’approche du troisième millénaire, l’Ancien Testament devenait peut-être trop vieux.
 
 
Première date, le Premier janvier de l’année civile. En fait, cette « civilité » correspond toujours au huitième jour après le 25 décembre. Si le 25 décembre chante au cœur de certaines populations, c’est à cause de la naissance d’un petit garçon, Jésus, que des Églises ont pris l’habitude de fêter. Si ce bébé mâle est Juif, s’il n’est pas malade, et si le mois de décembre comporte toujours trente et un jours, la circoncision de ce petit garçon sera fêtée au huitième jour, donc automatiquement, le Premier janvier. Voilà ce que soulignaient tous les calendriers dont celui des PTT. Depuis des années, ce dernier écrit « Jour de l’an », d’autres écrivent « Nouvel an », alors que les calendriers liturgiques catholiques l’appellent « Sainte Marie, Mère de Dieu ».  La longueur de l’Évangile de Luc lu ce jour-là a été augmentée par rapport à antan où la précision venait à la Circoncision.
 
Deuxième date, trente trois jours après le Premier janvier, le Deux février. Beaucoup de calendriers écrivent encore « Présentation du Seigneur » ou, parce que c’est un peu long, « Prés. du Seigneur ». Or, même l’abrégé n’indique pas où se passe cette présentation, le Temple, et le Temple de Jérusalem. Pourtant, des catholiques ont récemment pris l’habitude de l’appeler « La fête de la Vie consacrée » ou, à la mode des JMJ, « La journée mondiale de la vie consacrée ». De ce fait, on n’entend plus le mot « Présentation » et on ne risque plus de penser au Temple de Jérusalem. Lira-t-on bientôt « JMVC » ? Ou « Vie cons. » ? Comprendra-t-on alors qu’il s’agit de la Vie conséquente ? Ceux qui lisaient « Près. » comme proximité du Seigneur, ne l’entendront plus, ni n’entendront le Lieu de Dieu, le Temple, ni la condition de Jésus, Juif qui aime la Torah et la vit. Il vit consacré selon la bénédiction dite en hébreu : « Baroukh Ata’ Adonay Eloheinoû Mèlèkh ha‘olam, ashèr qidshanoû bemitswotaw wetsiwanoû ‘al… » Cette bénédiction commence en s’adressant directement à la deuxième personne du singulier et continue à la troisième personne du singulier afin de parler de Dieu à l’entourage. Et cela se traduit ainsi : « Béni sois-Tu, Seigneur, notre Dieu, Roi du monde, qui nous a consacrés par ses ordonnances et nous a ordonnés au sujet… » En ce jour-là, la consécration est l’alliance de la présentation de l’enfant de quarante jours, selon la Torah de Moïse. L’évangéliste Luc l’écrit trois fois en trois versets, plus exactement une fois « la Torah de Moïse » et deux fois « la Torah du Seigneur » (Lc 2,22-24), et Moïse reçut ainsi cette Torah : « Sanctifie pour Moi tout premier-né ! Consacre-le pour Moi ! » Parole tellement importante qu’elle est écrite en deux parties dans les tephillin portés par les Juifs dans la prière (Ex 13).
 
 
Et le Seigneur parla à Moïse pour dire : « Sanctifie pour Moi tout premier-né, ce qui ouvre chaque matrice chez les enfants d’Israël chez l’humain et chez le bétail. Lui, il est pour Moi ! ». Et Moïse dit au peuple : « Fais mémoire de ce jour où vous êtes sortis d’Égypte, de la maison des esclaves. Oui par la force de la main, le Seigneur vous a fait sortir d’ici. Et ne sera pas mangé du fermenté. Aujourd’hui, vous, vous sortez, dans le mois d’Aviv. Et il arrivera, quand le Seigneur t’aura fait entrer en la terre du Cananéen, du Hittite, de l’Amorite, du Hiwwite et du Jébuséen qu’Il a jurée à tes pères de te donner, une terre ruisselant(e) de lait et de miel, que tu serviras ce service-ci en ce mois-ci. Sept jours tu mangeras des matsot et au septième jour, fête pour le Seigneur. Il sera mangé des matsot toute la longueur de sept jours et ne sera pas vu pour toi du fermenté et ne sera pas vu pour toi du levain dans tout ton territoire. Et tu raconteras à ton fils en ce jour-là pour dire : ‘ A cause de ceci que le Seigneur a fait pour moi quand je suis sorti d’Égypte. Et il sera pour toi en signe sur ta main et en mémorial entre tes yeux afin que la Torah du Seigneur soit dans ta bouche. Oui, par la main forte, le Seigneur t’a fait sortir d’Égypte. Et tu garderas cette loi-coutume-ci pour sa fête, d’année en année.      P
Et il arrivera, quand le Seigneur t’aura fait entrer dans la terre du Cananéen selon ce qu’Il a juré à toi et à tes pères, qu’Il te la donnera et que tu feras passer au Seigneur tout ce qui ouvre la matrice, et tout ce qui ouvre la matrice / portée du bétail que tu auras, les mâles pour le Seigneur. Et tout ce qui ouvre la matrice de la gent âne, tu rachèteras par un agneau et si tu ne le rachètes pas, tu lui briseras la nuque. Et tout premier-né de l’humain chez tes fils, tu rachèteras. Et il arrivera, quand demain ton fils te demandera pour dire : « Qu’est-ce que c’est ? », que tu lui diras : « Dans la force de la main le Seigneur m’a fait sortir d’Égypte, de la maison des esclaves. Et il arriva, quand Pharaon s’endurcit pour ne pas nous renvoyer, que le Seigneur abattit tout premier-né dans la terre d’Égypte, depuis le premier de l’humain jusqu’au premier-né du bétail. C’est pourquoi, moi, j’offre au Seigneur tout ce qui ouvre la matrice, les mâles, et tout premier-né de mes fils, je rachète ». Et ce sera en signe sur ta main et en totaphot entre tes yeux. Oui, par la force de la main, le Seigneur nous a fait sortir d’Égypte.
 
Chaque matin, le croyant est invité à laisser entrer en lui ces paroles de CONSÉCRATION (Ex 13,1-10 et Ex 13,11-16), en lui en tant que peuple, en lui au plus profond de lui, en VIE CONSACRÉE.
Deux février, fête du petit garçon de quarante jours, trente trois jours après la circoncision (Lv 12,4).
 
 
     © Marie Vidal