Résumé par Norbert Macia du 2e chapitre de "théorie de l'extensio"
Tels sont les deux concepts essentiels développés dans le second chapitre de la théorie de l’extensio. Le premier n’est naturellement pas sans nous remémorer une des notions clés reprise et développée par le sociologue Pierre Bourdieu dans une perceptive d’explicitation et de définition du déterminisme social; alors que le second vient rééquilibrer en miroir au premier le champ de développement des êtres humains en société ou communauté.
L’habitus correspond aux ensembles de pratiques et rites qui font qu’un groupe social conserve une forme de stabilité dans la durée. En ce sens, l’habitus est ce qui caractérise, par exemple, les traditions, les cultures, les récits et peut-être aussi plus particulièrement les mythes, comment récits « fondateurs d’une pratique sociale », dont le mode de connaissance et transmission reste principalement la tradition orale. Ce que l’auteur désigne aussi par « lent apprentissage exploratoire » qui n’est pas non plus sans rappeler le transformisme de Jean-Baptiste De Lamarck : « la fonction crée l’organe« .
Dans notre cas présent : la fonction ou « obligation de répétition » crée l’habitus. L’intégration et l’assimilation des fonctions collectives créent, par la force de la répétition, la fonction individuelle intégrée : l’habitus.
En ce sens l’ « édification neuronale » crée l’édifice parfaitement intégré de tout groupe social stable. A contrario, l’écart neuronal est générateur de souffrance pour la personne concernée en regard du groupe, au même titre que l’écart du marginal, du profane, est générateur de souffrance et d’inquiétude pour le groupe social intégré.
La marginalité est du côté de l’inventus et de l’aventure, alors que l’habitus est du côté du sacré.
Cette histoire répétée réécrite soudainement d’une manière autre, d’une originalité émergente, est ce qui caractérise l’inventus. Nous pouvons relire les mêmes livres sans rien apprendre de nouveau, et découvrir pourtant quelque de nouveau lors d’une relecture supplémentaire. Le contenu restant le même à chaque passage, il s’agit bine d’une capacité d’interprétation et d’invention nouvelles propres au lecteur.
Les « serrures mentales » sont certainement du côté de l’habitus car leur fonction est la protection et la préservation des structures acquises, l’édification transmise, alors que les clés sont du côté de l’inventus, à réinventer sans cesse au fil du temps. Leur rôle est d’ouvrir les structures afin d’y apporter les modifications de l’intérieur.
« La plasticité d’imitation » de l’habitus est inséparable de « la plasticité d’exploration » de l’inventus.
Ainsi, le théorème fondamental et central de la théorie de l’extensio consiste dans cette imbrication permanente et cette « incessante émergence » de l’inventus au cœur de l’habitus. De l’intérieur même de l’habitus se produit et se propage, vers l’extérieur, l’inventus en passe de réécriture de l’habitus tel un incessant palimpseste.
Ces antagonismes complémentaire opèrent leurs actions par ce que l’auteur désigne comme « volonté d’habitus » et « volonté d’inventus ».
Ce terme de « volonté » parait ici fondamental dans le contexte de la théorie de l’extensio, puisse qu’il sous-tend l’idée que le sujet est un sujet pensant, conscient, et démocratique, dans le sens du partage et de la volonté d’égalité de ses dispositions naturelles. En ce sens que, avoir de la volonté c’est être conscient de ce que l’on veut et avoir l’accès à cette conscience, c’est être en mesure d’exercer cette capacité de vouloir pour chacun d’entre-nous.
Ainsi, comme le souligne l’auteur, la volonté d’habitus est une capacité d’assimilation, des pratiques correspondantes aux à des groupes et sous-groupes, dans une recherche d’intégration à ces derniers; alors que la volonté d’inventus réside dans le constat qu’aucun nouveau habitus ne peut se constituer sans avoir, au préalable, fait l’expérience fondatrice et constituante de la trace originale du premier pas hors du cadre habituel de nos répétitions évolutives.